Exploiter les biais cognitifs en tant que manager

Les biais cognitifs chez les managers, quels effets ? Comment les repérer ? Mais surtout, comment les maîtriser et en tirer profit ? On vous explique tout !

Après avoir expliqué 4 biais cognitifs répandus chez les collaborateurs et comment les maîtriser (article), nous allons voir aujourd’hui 3 biais qui, cette fois-ci, touchent plus particulièrement les managers.

Rappel sur les biais cognitifs

Comme expliqué dans notre premier article, un biais cognitif est une distorsion cognitive d’une information. C’est une déviation systématique de la pensée logique sur la réalité.

Cette pensée inconsciente se retrouve chez tous les êtres humains, les collaborateurs mais aussi les managers, pour qui cette déviation peut devenir un vrai fardeau au quotidien. Il n’est pas impossible de les maîtriser, et le premier pas pour s’en détacher est d’en prendre conscience et de les appréhender : comprendre en ce sens que nos analyses et réflexions rapides et intuitives ne sont qu’une illusion d’objectivité.

Zero-Risk Bias (le biais du risque zéro)

Très fréquent chez les managers, ce biais consiste à suivre une logique irrationnelle dictée par notre cerveau. On va alors préférer l’option qui élimine un petit risque à celles qui, prises dans leur globalité, vont éliminer plus de risques et devenir plus avantageuses. Par exemple, si on a le choix entre deux situations : situation A qui réduit le risque de 3% à 0% ou alors la situation B qui réduit le risque de 70% à 35%, l’option B va être choisie par les personnes touchées par ce biais.

On va donc favoriser un choix où le “petit risque” diminue fortement, à celui où un “gros risque” qui diminue certes mais qui cependant n’arrive pas au “risque zéro”. Ce choix est faussé, car dans la majorité des cas, la seconde option est bien plus avantageuse. Ce biais repose sur notre façon d’accorder une préférence à nos certitudes absolues, de prioriser nos “petits bénéfices certains” à des “bénéfices importants moins sûrs”.

Il peut être très dangereux si on ne le maîtrise pas, ou du moins, si nous n'en prenons pas conscience. Dans leur œuvre “La crise financière de 2008 : menace collective ou défi individuel ? Une analyse de la pensée sociale mobilisée en situation de crise” Andreea Ernst-Vintila, Sylvain Delouvée et Michel-Louis Rouquette mettent en liaison la crise financière de 2008 avec ce biais cognitif. Selon eux, cette crise peut être expliquée en partie par ce biais.

Pour arriver à le maîtriser, il faut en premier temps cartographier l’ensemble des risques avant de prendre votre décision finale, bien observer toutes les solutions, et ce, sur le long terme et en prenant en compte tous les aspects.

Le paradoxe du choix

Le manager peut souvent être amené à crouler sous les décisions, le “trop plein” de choix peut ainsi devenir un réel problème. Nous mettre dans des positions délicates, nous placer dans l’embarras. Confronter les dilemmes peut être très difficile pour de nombreuses personnes, quand les possibilités sont nombreuses, le libre arbitre pointe rarement le bout de son nez. Au-delà de la simple difficulté face au choix, ce biais peut aller jusqu’à nous paralyser dans l’action, nous submergeant entièrement.

On a ainsi beaucoup de mal à faire un choix, le cerveau ne peut traiter et catégoriser toutes les informations qui se présentent à lui. Dès lors, ne sachant quoi décider, de nombreuses émotions font leur apparition, notamment le découragement ou la peur. On ne peut, en management, penser que la “liberté de choix” convient à tout le monde, au contraire, être aidé, être “drivé” peut accompagner et être ainsi une source de performance.

Le biais attentionnel

Toujours sur le plan émotionnel, le biais attentionnel va modifier la perception que l'on peut avoir concernant les faits ou les situations, ce qui va alors influer sur nos prises de décision. Inconsciemment, on interprète les actes et paroles des personnes qui nous entourent, ce que l’on peut lire, etc, selon notre état d’esprit du moment. Ce biais, appelé aussi biais d’attention sélective, peut être un facteur important quant à notre appréhension d’une situation dans son ensemble, dès lors, on va préférer se concentrer sur une partie en fonction de nos émotions.

Il faut, pour réussir à s’en détacher, voire à affaiblir l’effet de ce biais, pouvoir se séparer de ses sentiments, pour cela, il est recommandé de prendre la situation dans son ensemble, d’un point de vue extérieur. Prendre conscience que l’on agit selon ses émotions et non de façon rationnelle peut , bien sûr, vous être parfois bénéfique, mais il reste tout de même dangereux de fonctionner en fonction de son humeur.

Conclusion

Bien d’autres biais ont, sur les managers, un pouvoir plus ou moins fort, qui peut fortement impacter la prise de décision, voire quant à son quotidien. La connaissance de ses biais amène à comprendre et prévoir les comportements des individus mais aussi les siens. A contrario, les ignorer et ne pas les prendre en compte peut vous être néfaste et désavantageux. Ils peuvent, avec une bonne maîtrise, être puissant dans de nombreuses situations et activités.

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