Rendre visible l’invisible : mesurer les soft skills, enfin possible ?

Le travail en équipe, la gestion du stress, la capacité d’adaptation ou encore l’écoute active s’imposent désormais comme des compétences clés dans le monde professionnel. Selon une étude menée par HR Maps, 67 % des responsables RH acceptent des compétences techniques moins développées pour les postes à pourvoir en faveur des soft skills. 95 % des recruteurs se basent cependant sur l’entretien physique pour évaluer les compétences transversales, ce qui peut conduire à une analyse biaisée.

L’intelligence artificielle et ses applications facilitent de plus en plus l’évaluation des soft skills, prenant le pari de rendre visible l’invisible. On décrypte pour vous les nouvelles approches de mesure des compétences transversales grâce aux outils digitaux.

Pourquoi évaluer les soft skills est-il devenu un enjeu clé pour les entreprises ?

La mauvaise évaluation des compétences comportementales au moment de la prise de décision d’embauche fragilise la collaboration. Saviez-vous que 89 % des départs d’un talent en moins d’un an après avoir rejoint son environnement de travail sont liés à cette mauvaise appréciation ? Mark Murphy parvient à cette conclusion après une étude sur 20 000 nouvelles embauches. En effet, le manque de leadership ou encore l’intelligence émotionnelle déficiente nuisent à la capacité à travailler en équipe.

Des compétences essentielles, mais longtemps négligées

Les soft skills constituent des aptitudes relationnelles et comportementales, innées ou acquises au fil du temps par des expériences ou des activités extra-scolaires. La compréhension des aspects qu’elles couvrent réellement est longtemps restée floue et ne progresse que faiblement.

Seuls 46 % des répondants au baromètre des soft skills 2024 de Lefebvre Dalloz les considèrent comme des éléments stratégiques pour leur entreprise. Les compétences transversales fournissent pourtant des informations précieuses sur la personnalité et l’adaptabilité du candidat lors du processus de recrutement.

La raison de cette négligence ? Évaluer les compétences techniques telles que la capacité de maîtriser un logiciel est plus simple que d’analyser l’esprit critique. La mesure des soft skills implique des outils et des tests d’évaluation adaptés.

Impact direct sur la performance, l’adaptabilité et la collaboration

Le LinkedIn Workplace Learning Report 2023 offre une vue d’ensemble sur l’importance des soft skills dans le monde du travail. 92 % des recruteurs les considèrent même comme équivalentes aux hard skills (compétences techniques) en termes d’impact.

Un candidat avec d’excellentes aptitudes en résolution de problèmes, communication, intelligence émotionnelle, pensée critique ou gestion du temps s’intègre mieux à votre équipe. Il s’avère plus productif et monte plus vite en compétences via la formation continue, ce qui a un impact positif sur l’entreprise.

Les soft skills facilitent la relation de service avec des consommateurs de plus en plus exigeants dans une économie qui se tertiarise. Elles sont moins concernées par l’obsolescence que les compétences techniques. Selon une étude de McKinsey, les entreprises qui se focalisent sur le développement des collaborateurs enregistrent une augmentation de 28 % de leur rentabilité.

Le besoin d’objectiver des dimensions jusqu’ici floues

À l’heure où l’agilité et l’adaptabilité sont au cœur des enjeux professionnels, les compétences humaines comme la communication, la gestion du stress ou la collaboration prennent une grande importance. En dépit des travaux scientifiques sur ces compétences, les soft skills présentent toujours une faiblesse conceptuelle. Ce flou devient problématique quand nous souhaitons les utiliser comme support dans le cadre d’un processus de recrutement.

Les savoir-être peuvent être appréhendés sous plusieurs angles. Leur mesure permet d’objectiver ces compétences afin d’améliorer le recrutement et les parcours professionnels de vos collaborateurs.

Quelles approches permettent d’évaluer les soft skills aujourd’hui ?

Les compétences transversales restent complexes à identifier et à mesurer, car elles sont souvent liées à des traits de personnalité qui ne se révèlent qu’en situation concrète, notamment lors des entretiens. Pourtant, de nouvelles méthodes et outils émergent pour analyser ces soft skills de manière plus fiable et objectiver leur évaluation chez chaque candidat.

Évaluation à 360°, feedbacks croisés, auto-positionnements

Les ressources personnelles s’évaluent et se mesurent avec des outils psychométriques, questionnaires ou tests. Les outils idiosyncrasiques permettent de détecter les modes de fonctionnement individuels spécifiques à chaque candidat. Les outils nomothétiques servent, quant à eux, à classer les soft skills des candidats les uns par rapport aux autres. Ces résultats restent la plupart du temps déclaratifs.

Pour une évaluation efficace, intégrez-les dans un processus plus large, qui combine plusieurs approches :

  • Entretiens et mises en situation ;
  • Feedback collaboratif à 360° avec l’aide des managers, équipes et clients internes ;
  • Observation directe des comportements en situation de travail en équipe.

La manière dont ces compétences transversales sont mises en œuvre au quotidien importe plus que les résultats catégorisés ou chiffrés. Le candidat retenu pourra ensuite développer ses compétences en continu dans un environnement coopératif et dynamique.

Apports des outils digitaux dans la structuration et l’analyse des résultats

Seuls 19 % des entreprises utilisent ou envisagent d’utiliser des outils d’évaluation des compétences transversales d’après le Baromètre des soft skills 2024 de Lefebvre Dalloz. 75 % des autres organisations confient cette analyse aux managers, formés sur le sujet ou non. Les outils digitaux offrent pourtant une approche bien structurée et méthodique, tout en valorisant les réponses verbales et non verbales.

Elles garantissent une approche précise, immersive et objective grâce à la puissance de l’intelligence artificielle. Les centres d’évaluation (Assessment Center) permettent d’analyser les signaux faibles comme :

  • Les expressions faciales ;
  • L’intonation de la voix ;
  • Les choix lexicaux.

Avec le bon outil de suivi des compétences, vous pouvez ensuite visualiser les données et dresser un portrait des candidats sans les biais humains. Cette plateforme en ligne facilite la collecte des réponses anonymes, les invitations à évaluer et la compilation structurée des résultats.

Limites et conditions de réussite de ces dispositifs

Les ressources individuelles désignent les aptitudes comportementales qu’un individu peut mobiliser selon les situations. La prédiction des comportements d’un candidat dans un contexte ou une situation de travail reste limitée, quelle que soit la qualité de votre outil d’évaluation.

Une technologie mal calibrée peut perpétuer les stéréotypes au lieu de les corriger. Les outils digitaux se focalisent aussi sur les micro-comportements. Ils ne les remplacent pas toujours dans le contexte global de l’entreprise.

Nous vous recommandons la mise en œuvre de grilles d’évaluation lors des entretiens. Vous pourrez ainsi comparer les candidats grâce à des paramètres prédéfinis.

Intégrer l’évaluation des soft skills dans une stratégie de développement

Pour faire de l’évaluation des soft skills un levier de développement de votre entreprise, vous devez identifier les aptitudes pertinentes et les évaluer fréquemment. Votre stratégie doit aussi inclure le développement de ces compétences grâce à la formation et l’utilisation d’outils adaptés.

Utiliser les résultats pour personnaliser les parcours de montée en compétences

L’évaluation des soft skills facilite l’état des lieux des compétences douces de chaque talent. Sur la base de ces résultats, vous pouvez évaluer une formation et définir des objectifs de développement propres à chaque individu. Ils fluidifient l’ajustement des parcours de formations et le choix des outils d’apprentissage adaptés.

L’analyse continue des compétences transversales permet de détecter les talents capables de servir de référents ou de mentors pour les autres collaborateurs. Vous créez ainsi un cercle vertueux de développement.

Sensibiliser managers et collaborateurs à l’importance de ces compétences transversales

Il est essentiel de définir avec précision les comportements et les valeurs attendus en matière de soft skills. Les managers intermédiaires ont un rôle clé à jouer pour les intégrer efficacement aux processus de recrutement, d’évaluation et à la communication interne.

Sensibilisez vos managers par le biais :

  • Des formations sur la gestion des conflits, le partage de connaissance, l’écoute active ou encore le leadership collaboratif ;
  • Une culture du feedback régulier;
  • La valorisation des réussites et des progrès en matière de soft skills.

Organisez des ateliers de sensibilisation et des formations adaptées à vos collaborateurs pour les sensibiliser sur l’importance des soft skills. Donnez-leur la possibilité de mettre en pratique leurs compétences transversales dans des projets d’équipe ou des simulations.

Valoriser les soft skills dans les entretiens, la mobilité et les trajectoires internes

L’intégration des soft skills dans une stratégie de développement passe par un référentiel clair des compétences comportementales les plus pertinentes pour chaque poste. Les recruteurs ont tout intérêt à mettre en avant ces compétences en entretien, en montrant concrètement comment elles serviront dans le poste visé ou faciliteront une future mobilité interne.

N’hésitez pas à communiquer sur les trajectoires internes possibles grâce aux soft skills. Accompagnez vos talents dans leur évolution et encouragez le développement des compétences transversales !

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